- OCÉANIE - Géographie physique
- OCÉANIE - Géographie physiqueS’il est impossible de chiffrer avec précision le nombre d’îles, d’îlots et de récifs qui parsèment l’océan Pacifique – plusieurs dizaines de milliers en tout cas –, on peut constater d’abord que ces terres émergées ne représentent au total qu’une très petite superficie par comparaison avec les immensités océaniques, et qu’ensuite elles ne se disposent pas au hasard: rares sont les îles complètement isolées, comme l’île de Pâques ou les îlots de Clipperton et de Wake. La plupart des terres se groupent en archipels, qui constituent les parties émergées de dorsales sous-marines, souvent alignées du nord-ouest au sud-est. Ces archipels eux-mêmes sont fréquemment séparés les uns des autres par de vastes espaces maritimes vides. Enfin, la répartition des îles dans l’océan est très inégale: elles apparaissent beaucoup moins nombreuses dans le Pacifique oriental et septentrional que dans le Pacifique occidental et méridional, où elles sont, en outre, généralement plus grandes.1. Les types d’îlesLes îles du Pacifique s’individualisent d’abord par leur taille. Si on laisse de côté l’Australie, véritable continent presque aussi grand que l’Europe, on peut les classer en trois catégories selon leur superficie:– Les très grandes îles (cf. tableau) sont au nombre de trois: la Nouvelle-Guinée, beaucoup plus étendue que la France, et les deux grandes îles de la Nouvelle-Zélande, dont la superficie dépasse celle de la Grande-Bretagne.– Les îles moyennes (cf. tableau) sont plus nombreuses: elles couvrent chacune plusieurs milliers de kilomètres carrés, mais, si la Nouvelle-Bretagne est plus vaste que la Belgique et si la Nouvelle-Calédonie s’étire sur 400 kilomètres, les principales îles de la Polynésie française (Tahiti) et des Samoa occidentales ne dépassent guère de 1 000 à 2 000 kilomètres carrés.– Les petits îlots n’ont que quelques dizaines de kilomètres carrés, parfois quelques hectares seulement: c’est le cas le plus fréquent. Certains archipels sont uniquement constitués de très petites terres: les trois archipels des Mariannes, des Carolines et des Marshall ont une superficie totale de 2 732 kilomètres carrés, et les 1 460 îles qui constituent ces archipels sont presque toutes des atolls, formés eux-mêmes d’une série de petits îlots.Les îles océaniennes présentent en effet une très grande diversité d’aspect selon leur origine: les plus vastes sont généralement des îles dites continentales parce qu’elles sont les restes de terres plus étendues effondrées au cours des dernières périodes géologiques; leur matériel rocheux comporte des roches sédimentaires et métamorphiques plissées et des roches éruptives plus ou moins anciennes. Des chaînes ou des crêtes correspondent aux axes des plissements et sont souvent séparées par des dépressions longitudinales, émergées ou immergées. C’est le cas en Nouvelle-Guinée où de puissants systèmes montagneux parallèles de direction nord-ouest - sud-est isolent de hautes vallées difficilement accessibles et où des populations papoues ont pu vivre, totalement ignorées des Européens jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Aux Salomon, une double ligne d’îles nord-ouest - sud-est (Choiseul, Santa Isabel et Malaita d’une part, les Shortland, la Nouvelle-Géorgie et ses annexes, Guadalcanal et San Cristobal de l’autre) encadre une méditerranée salomonaise parsemée de quelques îles (Florida, Savo) et où se déroulèrent les grandes batailles navales de 1942-1943. Certaines montagnes ont été fortement soulevées: les «Alpes» de l’île Sud de la Nouvelle-Zélande culminent à 3 710 mètres et, en Nouvelle-Guinée, les plus hauts sommets atteignent 5 000 mètres. Ce type d’îles est localisé dans le sud-ouest du Pacifique. Certaines d’entre elles sont affectées par un volcanisme actuel ; les principaux édifices en activité sont répartis le long d’une grande ligne de fracture qui représente un élément de la fameuse «ceinture de feu» du Pacifique (la Nouvelle-Zélande, les Nouvelles-Hébrides et la Nouvelle-Guinée). Il s’agit d’un volcanisme qui peut être dangereusement explosif et dont les manifestations s’accompagnent de tremblements de terre parfois redoutables.Les îles volcaniques proprement dites sont constituées presque uniquement d’accumulations volcaniques, auxquelles s’ajoutent seulement, dans la zone tropicale, la frange des constructions coralliennes. Ces masses volcaniques forment en particulier les «îles hautes» du Pacifique central (îles Hawaii, archipel de la Société, Samoa...) et sont issues de puissantes éruptions de type hawaiien au droit de «points chauds» par où les laves se sont déversées sur le plancher océanique. Les coulées de basaltes notamment forment ainsi d’énormes boursouflures dans le fond de l’océan, dont les parties supérieures peuvent émerger, mais dont la hauteur est parfois insuffisante pour atteindre le niveau de la surface; elles constituent alors des volcans sous-marins immergés à une plus ou moins grande profondeur.Les archipels sont en général constitués par une série de volcans alignés sur une dorsale sous-marine de direction nord-ouest - sud-est le long de laquelle l’activité paraît s’être propagée depuis le Tertiaire du nord-ouest vers le sud-est. (C’est en fait le plancher sous-marin qui s’est déplacé en sens inverse au-dessus du point chaud d’où sortaient les laves.) C’est le cas des îles de la Société ou encore des Hawaii; seule la ride des Samoa présente un mouvement apparent de direction opposée. Par exemple, la «dorsale hawaiienne» s’allonge sur quelque 2 500 kilomètres: l’extrémité nord-ouest, totalement effondrée et détruite par l’érosion, ne comporte plus que quelques modestes îlots coralliens autour de Midway, à 2 100 kilomètres d’Honolulu. Vers le sud-est, au contraire, l’archipel des Hawaii proprement dit s’allonge sur environ 650 kilomètres, avec au nord-ouest et au centre des îles faites des ruines de grands volcans éteints, effondrés et vigoureusement démantelés par l’érosion: cela donne des paysages de grands abrupts (pali ) et d’impressionnantes falaises (nord-ouest de Kauai, nord-est de Molokai), de canyons profondément incisés (Waimea à Kauai) et de planèzes et de plateaux basaltiques rappelant les anciens versants des volcans. Au sud-est, par contre, on trouve de grands volcans en sommeil aux formes douces caractéristiques du type hawaiien, encore peu touchés par l’érosion (Haleakala, 3 055 m, dans l’île de Maui, Kohala, Hualalai et surtout Mauna Kea, 4 205 m, dans l’île d’Hawaii), et des volcans actifs, le gigantesque Mauna Loa (4 169 m), et sur son flanc est le Kilauea où les éruptions sont très fréquentes. Par sa masse (plus de 400 km de diamètre au fond de l’océan) et son élévation (depuis un fond sous-marin à – 5 000 m jusqu’à des altitudes de plus de 4 000 m), le massif volcanique de l’île d’Hawaii est véritablement le plus haut volcan actif et l’une des plus puissantes montagnes du monde.Les éruptions de ces volcans, faites de spectaculaires fontaines de laves et de coulées de basaltes très fluides pouvant parcourir des dizaines de kilomètres, ne sont en réalité guère dangereuses sauf pour les cultures et les édifices, et les tremblements de terre qui peuvent les accompagner restent en général très modérés.Les récifs, îles et archipels coralliens sont extrêmement nombreux en Océanie. Ils résultent, on le sait, des constructions calcaires réalisées par des colonies de polypes de l’embranchement des cnidaires, qui ne peuvent prospérer que dans des eaux chaudes, à plus de 20 0C, mais surtout entre 23 et 28 0C. Les coraux se développent directement autour des grandes îles volcaniques (récifs frangeants) ou, lorsque les terres ont été affectées comme cela a été fréquemment le cas, de mouvements de lente subsidence, sous forme de récifs-barrières qui isolent entre la côte et eux des lagons ouvrant sur l’océan par des passes. C’est ainsi que l’immense Grande Barrière australienne flanque à l’est la côte du Queensland, et que la Nouvelle-Calédonie est entourée presque totalement par un magnifique récif-barrière. On pourrait multiplier les exemples, comme celui de la très belle Bora Bora avec son anneau corallien et son lagon (Polynésie française).Une lente subsidence de dorsales volcaniques a parfois fait disparaître en profondeur les roches magmatiques, et la croissance des coraux pour compenser ce mouvement a donné naissance – comme l’avait déjà compris Darwin – à ces îles entièrement coralliennes qu’on appelle les atolls. L’atoll est fait d’un anneau de coraux sur lequel repose un nombre plus ou moins grand d’îles et d’îlots émergés, normalement plus nombreux sur la façade est exposée au vent et directement frappée par la houle. Cet anneau encercle un lagon plus ou moins profond (quelques dizaines de mètres en général), parsemé de pinacles de coraux, et communiquant souvent avec l’océan par une ou plusieurs passes. Les trois quarts des atolls du monde se trouvent en Océanie. Certains sont complètement isolés (Wake dans le Pacifique nord, Clipperton à 1 000 km à l’ouest du Mexique), mais le plus souvent ils sont groupés en véritables archipels comme les Tuamotu (75 atolls, 908 km2 de terres émergées) ou les Marshall. Les deux micro-États du Kiribati et de Tuvalu sont constitués uniquement d’atolls. Certains atolls sont très vastes: le plus grand du monde, celui de Kwajalein dans les Marshall, enserre un lagon de 2 172 kilomètres carrés, une véritable petite mer intérieure de 125 kilomètres de longueur sur 20 de largeur en moyenne. Mais les 95 petites îles réparties sur la couronne récifale de 312 kilomètres de tour ne couvrent que... 14,5 km2. Lorsque les profondeurs du lagon et des passes sont suffisantes, les atolls ont constitué des abris parfaits pour des flottes importantes pendant la Seconde Guerre mondiale.Actuellement, les constructions coralliennes apparaissent comme assez vulnérables face aux agressions physiques ou humaines. Certains atolls, en Polynésie française par exemple, ont vu leurs coraux dépérir du fait peut-être d’un échauffement anormal des eaux du lagon. Mais c’est surtout l’action de l’homme et les pollutions liées à sa présence en nombre croissant qui entraînent les évolutions les plus graves. Dans l’île d’Oahu (Hawaii), comme aujourd’hui à Tahiti, des parties importantes des récifs sont directement menacées, voire condamnées.Certains atolls ont été soulevés par des mouvements tectoniques et apparaissent aujourd’hui comme des îles d’accès souvent difficiles, faites d’un plateau calcaire bordé par des falaises. Mais ce sont elles qui recèlent l’une des seules richesses minières de l’océan, les phosphates (îles de Nauru, d’Océan et de Makatea).Signalons enfin que toutes les îles du Pacifique peuvent être affectées par un phénomène qui est la conséquence des grands effondrements sous-marins accompagnant les terribles tremblements de terre de la bordure du Pacifique (Chili, Aléoutiennes...). Ceux-ci donnent naissance en effet à des ondes de choc qui se propagent sur des milliers de kilomètres à plusieurs centaines de kilomètres à l’heure et se transforment au contact des plates-formes littorales en immenses vagues déferlantes pouvant atteindre de 20 à 30 mètres de hauteur. C’est ainsi que l’île d’Hawaii a été touchée par un de ces tsunamis en 1946, puis à nouveau en 1957 et en 1960, avec à chaque fois dégâts et victimes malgré la mise en place d’un réseau d’alerte à l’échelle de l’ensemble de l’océan.2. Le climatSi nous laissons de côté l’Australie dont la partie méridionale a un climat tempéré et le Centre-Ouest un climat aride, ainsi que la Nouvelle-Zélande qui a un climat tempéré océanique, les archipels océaniens sont tous situés dans la zone tropicale. Ils jouissent donc d’un climat chaud; à proximité de l’équateur, les températures moyennes sont de 26-27 0C et l’amplitude thermique annuelle est insignifiante: souvent à peine un degré sépare les moyennes des mois les plus chauds de celles des moins chauds. L’oscillation diurne, c’est-à-dire la différence entre la plus haute et la plus basse température d’une journée, est un peu plus élevée (de 5 à 8 0C), mais reste limitée par l’humidité de l’air. Lorsqu’on s’approche des tropiques, les différences entre les températures mensuelles augmentent peu à peu, mais elles restent modérées par suite de l’influence égalisatrice de l’océan: ainsi à Papeete, dont la température moyenne annuelle est de 26,3 0C, les mois les plus chauds, février-mars, dépassent légèrement 27 0C, alors que les moins chauds ont encore plus de 25 0C (juill.-août). La Nouvelle-Calédonie, plus proche du tropique du Capricorne, a une moyenne annuelle un peu plus faible (23,5 0C); par suite d’un rafraîchissement plus sensible en juillet-août (20,1 0C), l’amplitude annuelle atteint 6 0C; les quelques îles situées au sud du tropique, comme l’île de Pâques ou Rapa en Polynésie française (270 3 de latitude S.), ont des moyennes «hivernales» inférieures à 20 0C (à Rapa, 17,4 0C en septembre contre 24,1 0C en février).Dans les îles montagneuses, l’altitude provoque une rapide diminution des températures, en général d’au moins 5 0C tous les 1 000 mètres. Quelques gelées nocturnes peuvent apparaître dès 1 500 ou 2 000 mètres, et certaines plaines intérieures de la Nouvelle-Guinée, situées entre 2 000 et 3 000 mètres d’altitude, ont des moyennes de température tempérées (de 10 à 15 0C), mais la différence de température entre les mois reste très faible. Les hautes montagnes ont des climats froids; bien que proches de l’équateur, les sommets les plus élevés de la Nouvelle-Guinée (5 000 m) sont couverts de neige et de petits glaciers.Étant situées de part et d’autre de l’équateur, les îles d’Océanie sont soumises aux grands centres d’action de l’atmosphère de la zone intertropicale. À proximité de l’équateur, une zone de basses pressions, la convergence intertropicale, attire l’air venu des hautes pressions subtropicales situées près des tropiques. Au nord de l’équateur, ce courant atmosphérique, qui se dirige du tropique du Cancer vers le sud, est dévié vers la droite par la force de Coriolis et prend une direction nord-est - sud-ouest: ce flux constitue l’alizé de l’hémisphère Nord. Au sud de l’équateur, un flux d’air analogue va du tropique du Capricorne vers les très basses latitudes; dévié vers la gauche, il donne naissance aux alizés de l’hémisphère Sud.Ces alizés, qui se combinent avec les brises locales, rendent la chaleur très supportable sur les côtes. Ils donnent peu de précipitations sur les îles basses telles que les atolls; dans les îles montagneuses, les pentes tournées vers l’est, qui font barrage au courant de l’alizé (versants au vent), reçoivent d’abondantes pluies orographiques et sont beaucoup plus arrosées que les versants tournés vers l’ouest (côtes sous le vent) qui, comme les îles plates, doivent se contenter des pluies générales liées à la convergence intertropicale. Les côtes au vent sont souvent deux ou trois fois plus arrosées que les côtes sous le vent; dans l’île d’Hawaii, certains secteurs de la côte tournés vers le nord-est reçoivent dix fois plus d’eau que les parties abritées du sud-ouest. Dans les îles les plus proches des tropiques, des pluies peuvent être engendrées par des perturbations venues de la zone tempérée.Certains archipels sont malheureusement affectés par des cyclones tropicaux (hurricanes). Il s’agit de dépressions barométriques très creusées qui déclenchent des vents tourbillonnants d’une grande violence (parfois plus de 200 km/h), des pluies torrentielles qui provoquent des crues dévastatrices et des tempêtes qui ravagent les côtes. Les cyclones n’affectent pas les îles situées très près de l’équateur et sont surtout redoutables dans la partie occidentale de l’océan dont les eaux particulièrement chaudes en été (plus de 27 0C) favorisent le développement des cyclones; ils affectent surtout, de novembre à mars, les Fidji, les Nouvelles-Hébrides (Vanuatu), la Nouvelle-Calédonie et la côte du Queensland australien. Dans le Pacifique central, les cyclones sont beaucoup plus rares; ils sont exceptionnels aux Hawaii et en Polynésie française: la série de cyclones qui a dévasté les îles Sous-le-Vent et les Tuamotu au début de 1983 est probablement due à une élévation anormale de la température des eaux de surface de l’océan, qui serait passée d’environ 25 0C à 28 0C, en association directe avec les fluctuations du courant chaud el niño sur la côte pacifique du Pérou.Il est possible de classer les îles en plusieurs types en fonction du climat:– Certaines, comme la Nouvelle-Guinée du Nord, les îles Bismarck ou les Salomon, ont un climat de type équatorial: toujours proches de la convergence intertropicale, elles sont abondamment arrosées et ne connaissent pas de véritable saison sèche. Le total pluviométrique est de plusieurs mètres par an.– D’autres sont dans la zone des alizés pendant une grande partie de l’année: les pluies tombent surtout en «été», c’est-à-dire de novembre à mars dans l’hémisphère Sud, de mai à octobre dans l’hémisphère Nord; dans cette partie de l’année, elles sont alors soumises à l’influence de la convergence intertropicale et subissent de temps à autre des cyclones. Pendant le reste de l’année, l’alizé ne donne des précipitations que sur les côtes au vent des îles montagneuses; sur les côtes sous le vent et sur les îles basses, les pluies sont rares et faibles: il y a donc une nette opposition entre une saison des pluies (été de l’hémisphère considéré) et une saison sèche ou du moins plus faiblement arrosée. C’est le cas à Papeete, située sur la côte ouest de Tahiti, ou à Nouméa, dans le sud-est de la Nouvelle-Calédonie. Les Hawaii présentent l’originalité d’avoir un rythme inverse, avec une sécheresse relative d’été bien marquée, notamment sur les façades sous le vent.3. Végétation et fauneÀ l’origine, les îles océaniennes n’avaient pas une flore et une faune très riches, et leur pauvreté a tendance à s’accentuer progressivement en allant de l’ouest vers le cœur de l’océan: les grandes îles mélanésiennes, proches du continent asiatique et de l’Australie, ont une flore beaucoup plus variée que certains atolls ou îlots perdus de la Polynésie.La majeure partie des espèces végétales et animales des mondes insulaires du Pacifique était, avant les transferts opérés par les hommes, endémique, c’est-à-dire qu’elles n’existaient que dans l’île ou l’archipel considéré. Cet endémisme, fruit d’une longue évolution en vase clos à partir des quelques espèces apportées par les vents, les oiseaux ou les courants marins, était particulièrement accentué dans des archipels comme la Nouvelle-Calédonie ou plus encore les Hawaii, où plus de 90 p. 100 des plantes à fleurs et des insectes étaient endémiques.Dans le Pacifique sud, il faut souligner l’importance des conifères qui forment le plus souvent les boisements les plus importants de la Nouvelle-Zélande à la Nouvelle-Guinée, en passant par la Nouvelle-Calédonie dont les pins colonnaires (autrement dit les araucarias de Cook) sont célèbres.La répartition actuelle des types de végétation dépend pour une large part des conditions climatiques et de la nature du sol. Sur les terrains sableux des rivages et des atolls, on trouve surtout des filaos (arbres de fer), des pandanus et, naturellement, des cocotiers qui ont été le plus souvent introduits ou développés par les Polynésiens. Une bonne partie des marécages de la Nouvelle-Guinée sont couverts de boisements de palmiers-sagoutiers.Les îles montagneuses présentent un étagement de la végétation, particulièrement remarquable en Nouvelle-Guinée; jusqu’aux environs de 1 000 mètres, c’est la forêt dense humide équatoriale aux espèces très variées, mais, vers 1 200 mètres, la rain forest change d’aspect: à côté de vastes boisements de conifères (Podocarpus ), on trouve des chênes (Castanopsis ) et des hêtres à feuilles persistantes (Nothofagus ) analogues à ceux de la Nouvelle-Zélande, de la Tasmanie ou de la Patagonie chilienne; le sous-bois est très dense, avec de magnifiques fougères arborescentes. Au-dessus de 3 000 mètres, sur des pentes qui baignent perpétuellement dans le brouillard, la forêt devient très rabougrie et les arbres sont couverts de mousses. Vient ensuite un étage de buissons de rhododendrons et, entre 3 700 et 4 200 mètres selon l’exposition et la nature du sol, commence la prairie de haute montagne.Les vigoureux contrastes pluviométriques entre les côtes au vent et les côtes sous le vent retentissent évidemment sur la végétation: à la forêt dense des versants orientaux s’oppose souvent une forêt claire ou même une savane plus ou moins arborée sur les pentes abritées. L’action humaine a accentué ces différences: en Nouvelle-Calédonie, la savane à niaouli, un petit arbre du genre Melaleuca , qui ressemble à certains eucalyptus australiens, a été largement étendue grâce aux feux de brousse pratiqués par les éleveurs européens. L’exploitation de certaines espèces telles que le santal a provoqué leur recul, parfois même leur disparition.Inversement, les Européens ont introduit de nombreuses plantes: ils ont enrichi considérablement le stock des plantes cultivées par les Océaniens, qui comportait essentiellement des tubercules et le cocotier, et ils ont développé de nouvelles cultures: caféier, cacaoyer, agrumes, etc. Ils ont sélectionné des variétés de canne à sucre jusqu’alors négligées. Mais ils ont aussi introduit, volontairement ou non, des plantes qui sont dans certains cas devenues de véritables plaies végétales, tels le goyavier et le lantanier. Plus récemment, c’est une très belle plante ornementale à larges feuilles à revers pourpre, le Miconia , originaire d’Amérique centrale qui a envahi les forêts de Tahiti, Moorea et Raiatea, mettant en péril la survie d’un grand nombre d’espèces endémiques.L’action de l’homme a été tout aussi profonde sur la faune océanienne. Il n’y avait pas de mammifères dans les îles avant l’installation humaine. Les Mélanésiens et les Polynésiens ont apporté avec eux quelques animaux: le porc, important en Nouvelle-Guinée et aux Nouvelles-Hébrides, le chien, le rat, seul mammifère néo-calédonien avec la chauve-souris venue par elle-même. Les Européens ont introduit les animaux les plus variés; certains sont redevenus sauvages (cerfs de Nouvelle-Calédonie). La faune avicole des archipels a dû subir la concurrence de nouveaux venus: les merles des Moluques imprudemment introduits dans certaines îles pullulent aujourd’hui.Enfin, il faut souligner l’avantage considérable né de l’isolement insulaire que représente l’absence dans les îles du Pacifique de bon nombre des grandes endémies caractéristiques du monde tropical continental: en particulier, le paludisme, présent dans les terres basses de Nouvelle-Guinée, en pleine recrudescence aux Salomon, ne va pas au-delà des Nouvelles-Hébrides. On comprend les mesures de protection que prennent les insulaires pour éviter toute introduction accidentelle de nouveaux parasites ou maladies, une menace réelle étant donné le développement des échanges avec le monde extérieur.
Encyclopédie Universelle. 2012.